En déménageant dans une nouvelle localité qui n’est pas dégroupée, j’ai découvert un problème dont je ne savais même plus qu’il existait : le multiplexage de ligne ADSL.
En fait dans les années 80 quand la maison a été construite, France Télécom a décider de faire des économies et a donc partagé la ligne avec le voisin !!
Du coup tous les opérateurs alternatifs (SFR et Free en l’occurrence ici, les seuls disponibles) m’ont répondu « France Télécom signale une incompatibilité technique avec la ligne, on annule votre commande ».
Il a fallu d’abord ouvrir une ligne de téléphone chez FT, puis vérifier que le problème était bien le multiplexage, puis faire une demande d’ADSL. Et là, on nous a annoncé que comme un technicien doit venir démultiplexer la ligne, ça pouvait prendre jusqu’à un mois !!!
Heureusement FT a été super réactif et cela a été résolu en une semaine !
cf. cet extrait d’article pour mieux comprendre
Les premiers couacs surgissent avant même l’ouverture de l’accès haut-débit. Car toutes les lignes téléphoniques ne sont pas compatibles (ou éligibles, dans le jargon des FAI) avec l’ADSL. Pour être raccordé à l’ADSL, il faut tout d’abord que le central téléphonique auquel est relié l’abonné soit équipé de matériels permettant le transfert de données numériques par la ligne téléphonique, les fameux DSlam (voir Parlez-vous ADSL ?) . Aujourd’hui, seulement la moitié des 12 000 centraux téléphoniques – couvrant environ 90 % de la population – en sont dotés. Pas de DSlam ? Pas d’ADSL ! Mais le DSlam ne suffit pas. Certains abonnés dont les centraux sont pourtant équipés de DSlam n’ont pas droit au haut-débit car les caractéristiques techniques de leur ligne sont incompatibles avec l’ADSL. Plus l’abonné est éloigné de son central, plus sa ligne téléphonique est longue, et plus le signal s’affaiblit, ce qui limite le débit maximal de l’ADSL, voire interdit l’établissement de la connexion.
Des cas parfois « incroyables »
France Télécom, propriétaire du réseau téléphonique français, détient toutes ces informations techniques dans une base de données enrichie au fur et à mesure de l’extension et de la maintenance de son réseau. Les fournisseurs d’accès peuvent la consulter par le biais d’un système informatique baptisé « serveur d’éligibilité ». Et c’est à l’aide des informations de ce serveur que les FAI estiment le débit possible de chaque ligne. Mais, malheureusement, le serveur d’éligibilité n’est pas exempt d’erreurs. D’après « L’offre d’accès à la boucle locale de France Télécom », un document interne destiné aux opérateurs télécoms, l’opérateur historique s’engage à ne pas dépasser 5 % de taux d’erreur. Sur 35 millions de lignes fixes en France, les informations peuvent donc être inexactes pour plus de 1,5 million de lignes ! En pratique, les informations du serveur d’éligibilité peuvent indiquer que la ligne d’un abonné supporte 8 Mbit/s (mégas) alors qu’elle ne peut dépasser 2 mégas. De plus, le serveur d’éligibilité ne prend pas toujours en compte le câblage dans les immeubles et ignore tout de l’installation finale chez l’abonné. Le câblage téléphonique d’un immeuble peut par exemple avoir été rallongé en toute légalité. Or, si l’abonné est déjà loin du central, quelques dizaines de mètres supplémentaires peuvent le condamner à l’inéligibilité. En outre, plus le débit est important, plus la ligne devient sensible aux perturbations électromagnétiques : machineries d’ascenseur non isolées, néons en façade ou, chez l’abonné, transformateur électrique mal isolé, enceintes mal blindées, peuvent dégrader le signal, et rendre la connexion instable. Parmi les cas les plus incroyables, on relève la présence de condensateurs installés par France Télécom, il y a plusieurs années, dans les prises téléphoniques des abonnés pour tester leur ligne à distance. Ces composants électroniques, dans leur modèle le plus ancien, provoquent une atténuation du signal allant jusqu’à l’impossibilité d’obtenir une synchronisation (voir Parlez-vous l’ADSL ?). Il faut dans ce cas démonter le condensateur ou, mieux, contacter France Télécom pour qu’il l’échange contre un modèle plus récent. En cas de problème de connexion, le plus difficile pour l’abonné est d’en déceler l’origine car France Télécom et les fournisseurs d’accès se renvoient volontiers la balle. Une seule certitude : si le problème provient de l’installation de l’abonné, l’opérateur historique et les FAI tomberont d’accord – pour une fois – et demanderont à l’internaute de se débrouiller tout seul… Et les galères de l’abonné ne s’arrêtent pas là ! Aux débuts de l’ADSL, France Télécom se chargeait de recueillir le trafic Internet de tous les abonnés, le concentrait dans quelques zones en France (les « points de présence »), et le répartissait entre les différents fournisseurs d’accès. Cette technique, appelée IP ADSL, empêchait les FAI de maîtriser la ligne téléphonique de leurs abonnés et donc de proposer des services annexes comme la téléphonie ou la télévision. Tous les fournisseurs d’accès ont préféré passer au dégroupage, un procédé distinct qui offre beaucoup d’avantages mais engendre également de multiples problèmes… Pour bien comprendre les mécanismes du dégroupage, il faut revenir au fonctionnement même de l’ADSL ( Asymmetric Digital Subscriber Line ; en français, réseau de raccordement numérique asymétrique). Les données sont « transportées » sur les fréquences hautes de la ligne téléphonique qui relie l’abonné au répartiteur situé dans le central France Télécom de son quartier, tandis que la voix utilise, elle, les fréquences basses.
Des raccordements ADSL à haut risque
Dans le cas d’un accès ADSL en dégroupage, le FAI demande à France Télécom de séparer les fréquences basses et hautes sur deux fils de cuivre différents, puis de mettre à sa disposition le fil acheminant les fréquences hautes (les données numériques). L’opérateur historique a sept jours à partir de la demande du FAI pour effectuer cette opération. Concrètement, les techniciens de France Télécom prolongent un fil (celui qui transmet les données numériques) du répartiteur de France Télécom jusqu’à un autre répartiteur, situé dans un local attenant, qui contient les équipements du FAI. Il faut compter entre deux et sept points de rupture du fil de cuivre entre les deux répartiteurs. Ensuite, le FAI n’a plus qu’à raccorder ce fil à son DSlam pour que l’abonné puisse accéder à l’Internet haut-débit. En théorie, cela n’a rien de compliqué. Mais comme l’explique Alexandre Archambault, responsable des affaires réglementaires de Free, « une erreur de manipulation, telle une inversion de câblage ou l’oubli d’une jarretière (voir Parlez-vous l’ADSL ?), n’est pas exclue. Comme toute opération comportant une part d’intervention humaine, le câblage de lignes ADSL n’offre pas un taux de réussite de 100 %. Mais avec un taux d’erreur légèrement inférieur à celui que France Télécom rencontre pour ses propres lignes, on peut difficilement exiger mieux. » Lorsque le câblage est terminé, France Télécom prévient le FAI, qui peut activer la ligne de son côté, présupposant que le câblage est correct. A l’heure actuelle, malheureusement, aucune procédure ne permet d’automatiser la vérification du câblage avant la livraison de la ligne au client. Ce n’est que lorsque l’abonné tente de se connecter qu’un problème peut être décelé. Une procédure de vérification a posteriori a donc été mise en place pour rectifier ces erreurs : le Gamot, un service après-vente que France Télécom met à la disposition des FAI (voir Parlez-vous l’ADSL ?). Lorsqu’un FAI, après avoir vérifié que le problème ne provenait ni de ses équipements, ni de ceux de l’abonné, conclut à une erreur de câblage, il envoie une demande à ce service supposé lui répondre en un ou deux jours ouvrés. Cette demande, appelée ticket Gamot, doit être parfaitement renseignée sous peine d’être rejetée. Lorsque France Télécom reçoit un ticket Gamot, la procédure officielle consiste à vérifier la continuité métallique de la ligne (l’absence de rupture au niveau du fil de cuivre). Mais elle ne permet pas de détecter si la ligne est raccordée au bon endroit ! Dans de nombreux cas, la réponse de France Télécom aux FAI se limite à un STT, pour « Signalisation transmise à tort ». Ce qui nécessite l’ouverture d’une nouvelle procédure si l’abonné n’a toujours pas accès à Internet.
Une vérification de la ligne peut demander des semaines
Après dix jours sans réponse favorable le FAI peut demander à ce qu’un test « de bout en bout » soit réalisé en présence des deux parties. Si le dysfonctionnement n’est pas le fait de France Télécom, une somme de 125 € (HT) est facturée au FAI. On comprend mieux que les fournisseurs ne multiplient pas les tickets Gamot et prennent le temps de vérifier avec leurs clients que le problème ne vient pas de chez eux. Une précaution qui, quand on connaît le tarif des hotlines, n’est pas pour plaire aux abonnés ! Quant au rétablissement de la ligne, il peut prendre de quelques heures à plusieurs semaines en cas d’expertise, un laps de temps pendant lequel le FAI ignore quelle est la nature du problème et sa date de résolution prévue. Pire, certains fournisseurs d’accès tels Club-Internet ou AOL ne dégroupent pas eux-mêmes mais font appel à des sous-traitants comme neuf telecom ou Cegetel. Dans ce cas, le FAI n’a aucune maîtrise du réseau ADSL ; un FAI nous a ainsi confié qu’il était incapable d’informer ses abonnés en cas d’interruption de service, faute d’avoir lui-même ces informations ! Mais le pire des ratés reste probablement celui pour lequel une opération de dégroupage demandée ne peut avoir lieu rapidement parce que France Télécom doit réaliser des travaux dans le central concerné, ou parce que le FAI doit installer un nouveau DSlam. Pendant cette période, l’abonné enrage, parce qu’il n’obtient pas de délai précis de son fournisseur ou, croyant que sa demande a été oubliée, décide de souscrire ailleurs, ce qui peut lui coûter cher… Le dégroupage devra sans doute encore passer par une longue période de rodage avant de répondre parfaitement aux attentes de tous les internautes. Et, les mieux lotis, ceux qui n’ont rencontré aucun problème lors de l’ouverture de leur ligne, ne sont malheureusement pas à l’abri d’une déconnexion liée à une erreur de câblage, ce qui arrive par exemple lorsque France Télécom inverse deux numéros de téléphone. On nous a également signalé des cas de slamming, un FAI s’appropriant la ligne d’un usager à la faveur d’une offre d’essai, ou par erreur. Les désagréments inévitables de l’Internet haut-débit à prix cassé…
Qu’est-ce que le multiplexage ?
Le multiplexage est une technique qui permet de faire passer plusieurs canaux de communication sur une seule et même ligne téléphonique. Le procédé de multiplexage des lignes permet en effet, en constituant un Y, de délivrer le téléphone à deux habitations avec une seule ligne, sans interférences. Ce procédé utilisé par France Télécom a montré son utilité puisqu’il a permis de relier plusieurs abonnés sur une seule ligne de cuivre et d’éviter ainsi la saturation des centraux. Néanmoins, c’est aujourd’hui un problème pour les propriétaires de lignes multiplexées désirant l’ADSL.
Inéligible à l’ADSL ?
Si vous êtes inéligible à l’ADSL ou si notre test indique des « réserves techniques », votre ligne est peut-être multiplexée.
En effet, les lignes multiplexées ne sont pas éligibles à l’ADSL. Si une ligne est multiplexée, elle ne peut supporter aucune technique xDSL (y compris le ReADSL) car les fréquences hautes utilisées par l’ADSL sont déjà sollicitées pour offrir le service téléphonique à un ou plusieurs autres abonnés. Au niveau du multiplexage, on parle d’interfaces PCM2 et de PCM11.
Un PCM2 utilise une paire de cuivre pour faire fonctionner le téléphone chez 2 abonnés alors qu’un PCM11 utilise une paire de cuivre pour onze abonnés. Bref, vous pouvez vivre dans une commune couverte par l’ADSL, avoir une ligne bénéficiant d’excellentes caractéristiques techniques (affaiblissement…) sans pour autant être éligible à l’ADSL, si votre ligne est multiplexée.
Multiplexage : quelle solution ?
Seul l’opérateur historique France Télécom est habilité à s’occuper d’une ligne multiplexée. Dans l’hypothèse où votre ligne est concernée, la première chose à faire est de contacter France Télécom par téléphone ou en agence et de faire une demande de démultiplexage.
Concrètement, dans le cas où vous demandez à bénéficier du haut-débit sur votre ligne, un technicien France Télécom doit normalement se déplacer dans un délai de 30 jours pour procéder aux travaux sur votre ligne. A l’issue de ces modifications techniques, votre ligne sera démultiplexée et deviendra éligible à l’ADSL si ses caractéristiques sont suffisantes (affaiblissement maximum de 78 dB).
A noter qu’il faut parfois s’armer de patience et de persévérance pour obtenir le démultiplexage de sa ligne. L’intervention n’est pas toujours rentable pour France Télécom qui fait déplacer un technicien pour un abonné qui s’abonne à l’ADSL chez un concurrent… Néanmoins, dans le cadre de sa campagne de démultiplexage engagée au niveau national, France Télécom s’efforce de satisfaire les demandes de ses clients. Rappelons enfin que si le téléphone est un service universel qui entre dans les obligations de fourniture d’accès de France Télécom, l’ADSL ne l’est pas. Bref, l’opérateur historique est obligé de fournir une ligne téléphonique, mais pas forcément éligible à l’ADSL.
Une autre solution existe. Plus radicale, plus coûteuse et pas forcément garantie quant au résultat. Il est en effet possible de résilier sa ligne et de demander à France Télécom l’ouverture d’une nouvelle ligne téléphonique (reconstruction de la ligne pour ne pas être multiplexé de nouveau). L’idée est de lier l’ouverture de cette nouvelle ligne à une offre ADSL. Dans le cas d’un refus de France Télécom, il faut poursuivre les appels vers le 1013 et 1014 et envoyer des courriers de réclamation à la direction régionale de France Télécom et éventuellement à l’ARCEP (autorité de régulation des télécoms).
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